vendredi 25 février 2011

Le tigre celtique ne mord plus


Depuis ce matin, les Irlandais se rendent aux urnes pour élire 166 députés sur 566 candidats. Des élections qui devrait consacrer la chute du Fianna Fail, parti historique au pouvoir depuis l'indépendance.

C'est une conséquence directe de la crise économique. La chute du premier ministre Brian Cowen fait suite au plan de secours international et de la sévère cure d'austérité imposée par son gouvernement.

Malgré leur nécessité ces mesures sont extrêmement mal reçues par la population.

L'épilogue de l'hégémonie de ce parti de droite serait donc proche?

Selon Mark Sturdy (nom changé) de l'office irlandais du tourisme à Belfast, « c'est principalement les restrictions à tous les niveaux qui ont fait perdre confiance dans le gouvernement. La situation de l'Irlande est analogue à celle de son voisin insulaire. Un Premier ministre très apprécié Bertie Ahern en Irlande (en 2008), Tony Blair en Angleterre auquel le Ministre des finances discret succède. »

Brian Cowen est considéré par la population comme responsable de la faillite du système bancaire du pays car il tenait en tant que Ministre des finances les cordons de la bourse juste avant la crise.

C'est le retrait des verts de la coalition gouvernementale qui

le 23 janvier dernier a mis le Fianna Fail en minorité et précipité les élections.

Profitant du mécontentement populaire qu'ont suscité le plan d'aide et la crise, Enda Kenny, leader du Fine Gael (centre), principal parti d'opposition, a promis qu'il renégocierait les conditions du plan d'aide avec l'Union Européenne et le Fond monétaire international, et en particulier du taux d'intérêt qu'il qualifie de "punitif".

Le taux d'intérêt avoisine les 6% alors que l'argent prêté par l'UE et le FMI doit être remboursé à hauteur de 3%. Une différence qui fait grincer les dents sur l'ile d'émeraude.

Ce controversé plan de sauvetage a pour objectif de permettre à l'Irlande de résorber un déficit public abyssal, environ 32% de son PIB.

Il doit aussi renflouer les banques et limiter l'impact sur celles ci de l'éclatement de la bulle immobilière.

Cette opération de sauvetage représente 85 milliards d'euros dont 17,5 venant directement des caisses de l'Etat irlandais.

L'Irlande n'est pas au bout de ses peines car l'Etat doit réaliser 15 milliards d'euros d'économies d'ici 2014 dont 6 milliards cette année.

Une récession qui provoque l'émigration

A cause de la hausse très forte du chômage (13%), la jeunesse irlandaise se voit contrainte de s'expatrier. Le gouvernement table sur le départ de 100 000 émigrants dans les quatre années à venir. Et 45 000personnes seulement pour l'année prochaine.

Une force vive qui manquera lourdement dans la relance économique. Chaque semaine c'est environ 1000 personnes qui quittent l'île fuyant les conditions économiques selon une enquête de l'Institut de Recherche Économique et Sociale (ESRI). C'est un vieux démon irlandais, pays d'émigration, le renversement de tendance apparu dans les années nonante avait permis l'émergence du « tigre celtique ».

Un vote qui fera date

Demain sera une défaite historique pour le Fianna Fail, les derniers sondages publiés avant le début des votes sont accablants. Le Fine Gael (centre droit) serait crédité de 38 % d'intentions de vote. Les travaillistes (Labor) convaincraient environ 20% des électeurs alors que le Sinn Fein (nationaliste) environ 10%.

De son côté, le Fianna Fail n'atteindrait pas la barre des 15%, bien loin de ses scores historiques.


Coline Grueau

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire