lundi 25 avril 2011

Du printemps dans tes oreilles n°1

Temps béni en Belgique. 29 degrés Celsius pendant une semaine d'avril.
Say Hi au Printemps indien. Les gambettes prennent l'air, nous assistons à des désastres portant le noms de short (trop courts, trop moulants, avec des motifs improbables) mais c'est pas grave tant que c'est pas toi qui le porte (car tu as bon gout l'internaute!).

Alors bien sur, les illusions n'ont pas tenu longtemps. Etudier surtout avec une météo aussi clémente était une gageure qui je n'ai pas relevée. Donc au lieu de mériter mon année universitaire, j'ai décider de faire tout simplement une chronique musicale.

Ils sont de Boston, ils sont deux et aiment dans leurs clips faire participer leurs amis. Je vous présente Karmin.
Ce n'est pas tant le talent de ces deux jeunes gens qui frappe mais la virtuosité qu'ils ont de s'approprier les chansons d'autres artistes.
Juste un petit exemple pour bien savoir de quoi il est question ici:

Look at me now de Chris Brown, Lil Wayne et Busta Rhymes
Voici la version originale:


Maintenant à leur sauce:


Chaque mot qu'elle prononce est compréhensible, son débit de parole est impressionnant.
Le simple fait qu'un groupe né dans une université américaine ne fasse pas du rock dégoulinant d'hormones est à marquer d'une pierre blanche.
C'était jusqu’à ce que j'écoute les compositions originales de nos deux zozos.
En voici un bon exemplaire,


Dur, dur de faire original dans un monde où Lady Gaga existe déjà.
Du dégoulinant, malgré le coté bricolé des clips qui est assez frais. Avec des arrangements musicaux somme toute très semblables les uns des autres, accompagnés par une voix qui n'est pas exploitée dans son plein potentiel.

Il y a quand même quelques bonnes compositions qui sortent du lot. Ainsi:


Mais bon, leurs reprises restent les plus marquantes,


Allez une dernière, juste pour le plaisir:


mercredi 20 avril 2011

Émotion brute de paysage


Après le succès de l'exposition Paul Delvaux, aux sources de l'œuvre, c'est une opportunité que le musée d'Ixelles a su saisir. Il ré-ouvre ses portes avec une rétrospective inédite du peintre d'art abstrait français Olivier Debré.

Méconnu en Belgique, Olivier Debré est un des chefs de file du mouvement abstrait français. « Douze années après sa disparition en 1999, il était important de présenter cet artiste fondateur de l'abstraction lyrique au public belge, présente Claire Leblanc conservatrice du musée d'ixelles. Cet artiste correspond bien d'ailleurs à la personnalité du musée qui est plutôt axé 19 et 20eme siècle. » ajoute t-elle.

L'exposition présente l'évolution artistique de celui qui,v à la demande de Jack Lang alors ministre de la culture a réalisé le rideau de scène de la Comédie Française en 1987 où encore celui de Shanghai en 1998.

La quête de l'abstraction

Olivier Debré, né en 1920 est le petit fils de l'artiste Edouard Debat-Ponsan peintre du Grand Genre. Ses premiers souvenirs d'enfance sont un pinceau à la main. A 19 ans il entre à l'école des Beaux Arts de Paris en section architecture.

Marqué par sa découverte de Picasso et du tableau Guernica en 1937, Olivier Debré explore les souffrances dues aux nazis. Au travers de tableaux aux appellations très évocatrices, il arrache des formes sombres et complexes et surtout non figuratives à ses toiles. Il estimait qu'il est impossible de représenter des souffrances d'une si grande intensité.

Ses œuvres sont alors à la limite du cubisme.

Le glissement de son travail vers l'abstraction totale se fait quand en 1949, l'artiste rencontre les grands peintres abstraits de son époque. Aux cotés de Hans Hartung, Pierre Soulages ou encore Serge Poliakoff, il explore ses premiers Signes-personnages.

Son amitié avec Picasso et ses visites répétées à l'atelier de celui ci, modifieront considérablement son approche artistique. Il cherchera à exprimer son émotion sans passer par la représentation. Le signe devient l'incarnation de l'émotion et de la pensée.

Son exploration de la peinture s'oriente alors vers l'iconographie abstraite.

Ayant enfin trouvé le langage qui lui convenait le mieux, il l'explore au travers de multiples toiles ayant pour sujet la Loire et la Amboise qui la borde et où il s'est installé.

« C'est la structure spatiale et la répartition des éléments dans la composition qui m'intéressent. » disait il dans les années soixante.

Un rapport charnel à la nature

Dans un langage sensible, il interprète l'espace de la nature, la beauté, l'énergie du paysage et leur rapport à l'homme.

Quitte à intégrer des éléments naturels dans ses toiles, brindilles, sable, herbe et gouttes d'eau sont autant de substances extérieures qui offrent un surplus d'âme à l'œuvre. A l'image de la toile « Grande Blanche Touraine » peinte en 1973, où Olivier Debré travaille à la truelle en aplat. Ou encore lorsque le tableau est travaillé à plat et relevé ensuite pour créer des traces de ruissellement dans la peinture. Une touche de hasard qui apporte de l'intensité au tableau.

Des œuvres gigantesques

Marc Deville, ancien reporter de l'agence Gama, a suivi Olivier Debré pendant une semaine l'année précédant son décès, pendant la création et la réalisation du rideau de l'opéra de Shanghai. 300m² de toile, avec pour modèle, un tableau de dimension modeste et une photo. De ce travail titanesque, il a tiré un documentaire photographique présenté en marge de la rétrospective.

« J'ai eu une chance extraordinaire de le suivre, de celle qui n'arrive qu'une fois dans une vie. raconte Marc Deville. Il avait un contact très charnel avec ses toiles vraiment physique, il les avaient en main les tournaient, mettait ses doigts dessus. »

La peinture d’Olivier Debré est avant tout une affaire d’espace et de lumière. C'est aussi une affaire d'émotion, la sienne, celle qui lui faisait appliquer une marque, sorte de virgule vers le ciel en haut de ses tableaux. Et qui symboliserai le clocher de la chapelle du château d'Amboise, dernière demeure de Léonard de Vinci, où il aimait peindre.

L'occasion de découvrir un peintre qui n'aimait pas le devant de la scène. Et qui a exploré son art jusqu'au bout, avec le rideau de l'opéra de Shanghai comme requiem.

Coline Grueau


Du 24/02 au 15/05/2011

Du mardi au dimanche

de 9h30 à 17h00

Musée d'Ixelles rue Jean Van Volsemstraat, 71

1050 Ixelles

02.515.64.21

www.museedixelles.be